Ligue 1

La revanche face ... à l'Espérance!


Michaël Eneramo inscrivant le but de la qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de Tunisie 2008. (Photo CHALA)
Michaël Eneramo inscrivant le but de la qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de Tunisie 2008. (Photo CHALA)

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Club Africain (CA) - Espérance, voilà des retrouvailles qu'on attend depuis longtemps. Un match qui suscite passion et ferveur un peu partout dans la capitale, un peu partout dans le pays. Un rendez-vous qui suscite les angoisses les plus folles, mais aussi les espoirs les plus insensés. Une rencontre pendant laquelle la raison se perd et où l'émotion prend toujours le dessus. Le match de l'année diront les plus sages, celui de la décennie diront les plus exubérants.

Pourtant sur le plan comptable, il ne s'agit pas d'un match décisif : au coup de sifflet final de l'arbitre et quel que soit le résultat, toutes les hypothèses resteront plausibles et le champion demeurera encore à déterminer. Mais les implications psychologiques d'une défaite au derby feront que le vaincu n'aura vraisemblablement plus les ressources nécessaires pour se ressaisir.

Un rendez-vous que tous les supporters Sang et Or attendent pour voir la réaction des leurs après les dernières sorties décevantes. Une rencontre qu'ils attendent surtout pour connaître la vraie valeur de leur équipe.

Un mal pour un bien

L'Espérance reste sur deux contreperformances consécutives. L'équipe Sang et Or n'est pas parvenue à assumer son rôle de favori, la pression a été difficile à assumer pour un groupe qui manque cruellement d'expérience et d'encadrement psychique. En cela, le match nul concédé face au Club Sportif de Hammam-Lif (CSHL) présente au moins un côté positif : l'Espérance n'est plus la favorite de la compétition. L'Espérance n'est plus le protagoniste unique d'une compétition qui s'emballe. L'Espérance n'est plus favorite et cela présente l'avantage de déplacer la pression sur nos adversaires de demain. Nos rivaux ne sont plus désormais dans la posture de ceux qui ont tout à gagner et rien à perdre. À eux alors de gérer cette tension, ce stress qui nous a été si dommageable.

À mon sens, le faux-pas contre le CSHL est arrivé au moment le plus opportun de la compétition. Il ne reste que six matchs à jouer et l'Espérance est aujourd'hui dos au mur. Tant mieux d'ailleurs ! Car c'est lorsqu'elle est acculée que l'Espérance a toujours excellé cette année. C'est dans cette position qu'elle a fourni ses meilleures prestations face à Al Ahly de Tripoli (Libye) et à l'Étoile. Deux matchs référence que l'Espérance serait bien avisée de rééditer.

Une issue difficilement prévisible

Pronostiquer le résultat final d'un derby reviendrait à s'essayer à la voyance. La raison et la logique s'y perdent bien souvent, tout comme les notions de favori et d'outsider qui ne trouvent plus leur sens. Dans un tel match, il n'y a que la réalité du terrain qui importe et c'est la vérité de la forme du jour qui l'emporte.

Certes, l'Espérance a des qualités indéniables, elle a un meilleur effectif que celui de son rival. Pourtant l'Espérance doute de ses capacités. En face, se dresse un CA revigoré par six victoires consécutives. Néanmoins, cette saison les clubistes n'ont rien démontré. Face aux grands clubs, ils ne se sont jamais imposés. Pis, ils n'ont jamais convaincu même face aux petites cylindrées. Certes le CA est un ensemble solide et discipliné, ses forces résident dans sa défense relativement solide et son milieu complémentaire. Il bénéficie surtout d'une grande force mentale et il est guidé par un entraîneur qui a bien compris la mentalité du joueur tunisien. Un coach qui sait parler à ses joueurs, qui sait les haranguer et les pousser à se surpasser. Il s'agit d'une équipe qui joue le bloc et procède par contre attaques. Elle marque surtout sur des coups de pied arrêtés et là c'est vrai, il s'agit d'une arme qu'elle sait bien exploiter. Ses joueurs clés s'appellent Nen Yahia et Dhaouadi, les bloquer serait la clé de la partie.

Mais, à n'en pas douter, l'Espérance demeure dans l'ensemble techniquement supérieure à son adversaire de demain. Cette supériorité s'affirme surtout en attaque là où il n'y a pas photo. Mieux encore, la donne a également changé au milieu de terrain et en défense par rapport au dernier derby, deux compartiments où l'Espérance s'est renforcée avec l'arrivée de Loué, Korbi et Abdi. En dernier et pas des moindres, l'Espérance dispose d'un «banc» qui pourrait tout faire basculer.

Or, tout cela n'est pas suffisant, car pour gagner il faudra faire preuve d'une très grande concentration et détermination. Pour gagner, il faudra témoigner d'une grande force mentale, d'une «grinta» à toute épreuve, d'une volonté inébranlable de se surpasser et ce, quelles que soint les conditions. Pour s'imposer, l'Espérance devra presser son adversaire, l'asphyxier, le priver de ballons. Il faudra semer le doute dans son esprit et le marteler jusqu'à ce qu'il abdique. Surtout, il faudra toujours se remémorer que face à une Espérance à 100%, le CA n'aura aucune chance de s'en sortir.

Rétablir la sérénité

On l'a dit et on le redit encore : le seul adversaire de l'Espérance ce sont les ... Sang et Or. Et malheureusement ces derniers temps, les Sang et Or sont victimes de l'Espérance. Pendant les deux derniers matchs, les protégés de De Moraïs ont perdu quatre points, qui ont fini par entamer sérieusement leur capital confiance. En cela, le Derby arrive à point nommé, quoi de mieux pour renflouer le moral des troupes qu'une victoire contre le frère-ennemi?

À l'approche d'échéances décisives, seule la victoire va compter. Au moment où l'union sacrée est affichée, c'est aux joueurs de démontrer qu'ils sont de vrais guerriers. C'est à eux de se racheter après leurs prestations ratées. C'est à eux de repayer le public Sang et Or pour sa merveilleuse fidélité. Pour cela, il n'y a que la victoire qui pourra le combler.

Vivement dimanche, on piaffe d'impatience !