Analyse

Le chemin est encore long


Le «Onze» Sang et Or ayant disputé le «classico EST-ESS» du 15 avril 2009 à Radès. (Photo CHALA)
Le «Onze» Sang et Or ayant disputé le «classico EST-ESS» du 15 avril 2009 à Radès. (Photo CHALA)

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L'Espérance vient de franchir le premier cap de ce mois d'avril sans dégât et avec mention. Trois victoires en moins d'une semaine, chacune dans une compétition différente ; il fallait le faire et les nôtres l'ont fait avec panache. Ça fait longtemps que notre équipe n'a pas encaissé le moindre but durant 270 minutes et dans des conditions, pour le moins qu'on puisse en dire, très difficiles. Mais pour le moment et à part la grande satisfaction de voir notre équipe se métamorphoser doucement mais sûrement, rien de concret et aucun titre n'a encore pris le chemin du Parc B, hormis celui de la Coupe de l'Afrique du Nord des clubs Vainqueurs de Coupe. Il va falloir encore souffrir et jouer avec ses tripes, mais aussi avec sa tête, pour pouvoir glaner les trois autres titres encore en jeu et fêter comme il se doit notre 90ème anniversaire.
Si l'Espérance devait gagner son premier match contre le Club athlétique Bizertin (CAB) pour rester leader du championnat, quand bien même avec des frissons en fin de match qu'elle nous a habitués à vivre, face à l'Entente de Sétif (ES Sétif), l'Espérance a sorti un match héroïque en surclassant les Algériens sur tous les plans, chez eux et dans des conditions bien particulières.

Un petit match, mais une grande victoire
Trois jours après, notre équipe se replonge dans une autre compétition nationale, la Coupe de Tunisie, titre réservé des Sang et Or depuis trois saisons. Mais voilà que nous héritions d'un gros morceau, a priori, l'Étoile du Sahel (ESS), le finaliste de l'épreuve de la saison dernière, d'autant plus qu'elle se devait de sauver sa saison après avoir perdu, ou presque, toute chance en championnat une semaine auparavant. Les tifosis Sang et Or appréhendaient à juste titre ce match et tous les avertis attendaient avec curiosité la réaction de notre équipe quelques jours seulement après notre match à Sétif surtout sur le plan physique. Et c'est devant une assistance en deçà des espérances des amateurs de foot que le match a débuté. Dès le départ, nous avons constaté que Benzarti n'a pas donné à ses joueurs la consigne de jouer le pressing haut et asphyxiant, son approche préférée. Il devait savoir fort bien que ses poulains sont presque lessivés physiquement et qu'il fallait engager les débats en douceur.

Nous avons donc vu une équipe espérantiste jouer selon ses moyens physiques, tantôt exercer un pressing assez haut, tantôt attendre l'adversaire dans sa zone. Heureusement qu'en face nous avions droit à une pâle copie de l'Étoile que l'on connaît, avec une défense fébrile qui panique à chaque accélération d'Eneramo, un milieu hétéroclite où Nafkha est aux abonnés absents, le jeune Radaoui tétanisé par l'enjeu et enfin, le bouquet, soit la faute monumentale de leur coach qui a mis l'autre jeune espoir Koffana surveiller Darragi comme on surveille le lait sur le feu, une méthode révolue depuis bien longtemps. Résultat des courses, sans milieu et très peu inspirée, l'Étoile ne nous a pas posé de gros problèmes, à part les incursions de Boukhari en première mi-temps. Sinon, les protégés du désormais limogé Rohr ont essayé de shunter leur milieu en balançant des ballons longs, qui ont fait le bonheur de notre axe bien en jambes, notamment Abdi.

Fraicheur physique, quand tu nous manques !
Notre équipe, par contre, n'a pas eu la fraicheur physique nécessaire pour jouer « à la Benzarti », seul Bouazzi avait du jus - d'ailleurs le seul titulaire qui n'a pas joué 90 minutes à Sétif - tout comme Abdi et Chammam, dont la bonne tenue athlétique peut être expliquée par un retour en compétition après une longue absence des terrains - le premier qui ne jouait pas avec le Zamalek (Égypte) et le deuxième suite à sa maladie -.

Le match d'hier, s'il était assez engagé sur le plan physique et athlétique, techniquement, par contre c'était un petit match et la faute incombe beaucoup plus à l'Étoile qu'à notre équipe, qui n'a pas le choix que de gérer cette rencontre au gré de notre forme du moment, d'autant plus que que nous avons pu scorer à la fin de la première mi-temps. Mais il faut bien saluer nos joueurs, qui n'ont pas reculé en fin de partie, loin de là ! On aurait pu tuer le match à maintes reprises sans les ratages de Bienvenu et surtout d'Eneramo qui rate un énième tête-à-tête, en s'entêtant à toujours l'exécuter de la même manière. Ceci dit, nous ne pouvons passer sous silence le travail de sape qu'effectue ce joueur au front de notre attaque, malgré ses fautes techniques et quelques passes ratées, certainement dû au manque de jus, saturé comme il est par la cadences des matchs et le traitement spécial qu'il subit et par les défenseurs adverses et, des fois, par les arbitres. Mais le Nigérian reste toujours un ogre pour ses adversaires et la paire Felhi-Boulâabi ont passé un sale après-midi à le surveiller. Eneramo demeure une pièce importante dans notre système de jeu, reste qu'il doit retrouver son efficacité pour redevenir le cauchemar des équipes que nous allons rencontrer dans un proche avenir, à commencer par cette même Étoile.

Hier, Chammam et Abdi, mais aussi Bienvenu, ont excellé. Le Camerounais, faute de fraicheur physique, a privilégié son rôle défensif en bloquant le côté droit de l'Étoile et en mettant en veilleuse Ben Radhia et ses habituelles incursions. D'autre part, il ne faut pas oublier non plus le rôle joué par Korbi qui a été au four et au moulin et a apporté sa hargne et sa rage de vaincre, mais si on apprécie chez ce garçon son âpreté, voire sa grogne quand il le faut, il doit par contre tempérer ses ardeurs surtout ses provocations inutiles qui ne peuvent que nuire à sa carrière qui s'annonce prometteuse. Le reste des joueurs n'ont pas démérité, mais le manque de fraîcheur physique a été un obstacle majeur pour que chacun réédite sa prestation de samedi dernier à Sétif.

Nos supporters doivent retrouver leur verve
Reste un mot sur notre public ! S'il a répondu présent comme d'habitude, bien que les travées réservées n'aient pas été pleines à 100%, ce que je souhaite, c'est que nos supporters doivent retrouver leur verve afin d'encourager sans arrêt nos joueurs. Après tout, la présence en petit nombre est expliqué, paraît-il, par un problème de sécurité : un boulon énorme s'est déboulonné d'un des pylônes du stade de Radès et malgré l'opinion d'un expert espagnol dépêché sur les lieux jugeant l'incident bénin, la Fédération n'a pas jugé utile, par précaution, de mettre en vente des billets pour une partie du bloc C de la zone Pelouses. Il n'en demeure pas moins que depuis quelques matchs déjà, et malgré une présence record, notre public, stressé comme il est, est devenu moins bruyant que d'habitude, au point qu'il ait fallu une intervention du capitaine Kasraoui pour qu'il se réveille en partie en fin de match et qu'il retrouve sa vitalité et ses encouragements.


L'Avenir sur le chemin de notre avenir
Maintenant, huit jours nous séparent d'un autre lot de rencontres, aussi importantes que celles que nous venons de vivre, à commencer par notre match face à l'Avenir de la Marsa (ASM). Les protégés de Ben Yahia vont certainement chercher à nous contraindre au nul, même si un point pourrait ne pas s'avérer suffisant à la fin, mais assez pour que l'ASM reste en course pour sauver sa peau en Ligue 1. Et avec un terrain exigu, il devient plus facile d'hacher le match et d'utiliser tous les subterfuges pour nous priver d'imposer notre jeu. Il faudrait, à notre avis, acculer les « Gnaouia » à la faute dès l'entame du match, en essayant de marquer un but vite fait pour mettre la pression sur leurs épaules. Et comme ils sont fébriles et tétanisés par le spectre de la descente en Ligue 2, un but leur serait fatal et ils n'auront d'autres choix que d'avancer pour essayer d'égaliser, un scénario qui pourra bien faire notre bonheur suite aux espaces délaissés derrière pour aggraver le score et tuer le match.