Ligue 1

À six points du titre


Khalil Chammam lors du match face au CA Bizertin à El Menzah, le 9 avril 2009. (Photo CHALA)
Khalil Chammam lors du match face au CA Bizertin à El Menzah, le 9 avril 2009. (Photo CHALA)

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La seule conclusion de cette journée, c'est que le titre sera tunisois cette année encore. L'Étoile (ESS), quant à elle défaite face à un Club Sfaxien (CSS) amoindri, va renouer l'année prochaine avec la Coupe de la Confédération, alors souhaitons-lui d'avance une bonne chance dans sa nouvelle aventure africaine.

Nous avons empoché nos fameux 3 points, c'est le minimum requis quand on veut remporter le titre, face à une équipe qui n'a rien à gagner chez nous devant 40000 supporters, une tradition désormais. Or nos tifosi étaient moins bruyants que d'habitude, stressés comme ils étaient, et les quelques minutes d'effervescence manifestée étaient dus grâce au premier penalty raté par le Club Africain (CA) et surtout aux deux buts que le CSS a marqués dans le camp de notre « ex » rival l'ESS.

Il faut bien souligner que contrairement à un passé récent, où les équipes qui ne jouent ni pour le titre ni pour la relégation laissent toujours des plumes face à ceux qui ont un challenge à défendre, il faut se méfier aujourd'hui de ces équipes qui retrouvent la joie de manier le ballon et qui posent des problèmes à leurs adversaires, souvent plombés par l'enjeu.

Tout à l'heure à El Menzah, notre équipe n'a pas dérogé à cette nouvelle règle et elle a souffert le martyre pour glaner les trois points face à un excellent Club Athlétique Bizertin (CAB), dont la principale lacune - heureusement pour nous - demeure son attaque très naïve et qui ne sait profiter du travail réalisé par leur milieu, accrocheur du reste. Ainsi, Baghouli me rappelle étrangement le Hammam-Lifois Ben Chouikha, à la différence près que les Jaune et Noir n'ont pas un Ghariani ou un Khalifa devant.

Benzarti a présenté une formation inédite avec un axe en défense qui nous a fourni tant de frayeurs dans un passé récent, avant qu'il ne laisse sa place au duo Z. Derbali-Abdi, et un milieu assez insolite, qui paraît assez costaud sur papier, mais qui a été notre point faible durant ce match.

Un milieu hétéroclite

D'abord, Loué a joué tout seul en tant que pivot et il m'a rappelé le Loué de ses début, lent et ne sachant quoi faire une fois en possession du ballon. Et quand on rajoute à cela qu'il était souvent pressé par le milieu adverse, il n'en fallait pas plus pour que Loué perde son latin, commettant des fautes primaire qui l'ont déstabilisé. Heureusement qu'en deuxième mi-temps, il est sorti de sa torpeur pour nous faire une mi-temps correcte, sans plus.

Ensuite, Benzarti a placé Echikh devant Loué et c'est l'une des causes de la faiblesse de notre milieu aujourd'hui, à mon avis. Certes Echikh n'a pas démérité, ce n'est pas tant sa prestation en elle-même qui est en cause, mais sa difficulté - logique par ailleurs - à retrouver ses repères. Or, on sait tous qu'un milieu ne devient dangereux que si les joueurs qui le composent sont complémentaires et surtout s'ils jouent ensemble depuis longtemps, ce qui est loin d'être le cas pour le quatuor qui a composé notre milieu contre le CAB.

Ajouté à cela un Msakni décalé à droite au bord de la ligne de touche et qui a été contraint, encore une fois, d'assurer un peu plus côté repli défensif afin de pallier aux faiblesses prévisibles de Bokungu, le résultat des courses est que nous avons peu vu Msakni en première mi-temps. Il a fallu justement attendre la rentrée de Tayeb qui l'a un peu libéré en décalant à gauche pour jouer devant Chammam, afin de voir Msakni montrer toute l'étendue de son talent, mais il fallait compter - malheureusement pour lui - sans l'attentisme de l'équipe qui pensait plus à cet instant à sauvegarder le mince acquis qu'à le consolider.

Enfin et contrairement à ce que nous avons pu voir lors des derniers matchs, Bouazzi a été choisi par Benzarti pour occuper le couloir gauche de notre milieu. Certes, il a pu apporter son abattage habituel, mais il a aussi pêché par un jeu assez individuel, sans parler de quelques absences durant certaines périodes du match, dues certainement à la charge physique qu'il a subie, avec ses coéquipiers, durant le stage de Aïn Drahem.

Même Darragi, l'homme fort de l'équipe ces derniers temps, qui a certes été au-dessus du lot vis-à-vis de ses coéquipiers du milieu, s'est vu attribuer plus un rôle d'attaquant de soutien, en se portant souvent après permutation avec Bouazzi, à la pointe de l'attaque, là où il devient moins percutant et tombe souvent dans le hors-jeu piège adverse. Ceci dit, Darragi a su, comme à son habitude, nous offrir un penalty, donner une passe lumineuse à Eneramo en le mettant en tête à tête avec le gardien bizertin, occasion ratée lamentablement par le Nigérian, sans oublier son but synonyme de victoire.

Avec une telle composition qui n'a jamais su jouer en bloc, nous avons assisté à un gouffre au beau milieu du terrain, au point que l'équipe n'a presque jamais récupéré de secondes balles, toujours dangereuses dans les deux phases du jeu et que A. Baghouli, l'homme à tout faire du CAB, a pu évoluer à sa guise sans être déstabilisé.

Alors, si on ajoute à cela le stress du match, puisqu'il n'y a aucun joueur de caractère parmi les 14 qui ont foulé le gazon d'El Menzah, on comprend mieux le fait qu'on n'a eu aucune occasion durant la seconde période et pas assez durant la première. Et le bouquet, c'est qu'on arrive à dilapider bêtement et d'une façon lamentable les quelques occasions qu'on a pu se créer - n'est-ce pas Eneramo ? -. Face à un tel tableau, comment veut-on que nos supporters ne terminent pas la rencontre la main sur le cœur, comme nous avons pris l'habitude de faire ces derniers temps ?

Michael Eneramo : l'énigme !

Parlons justement de Michael ! Voilà un joueur, buteur patenté, qui a donné des frissons à tous nos adversaires durant la phase aller et qui s'est subitement tû durant la phase retour, se permettant même de rater l'immanquable. Je ne vais pas parler de rumeurs, fondées ou non, qui clament une hygiène de vie assez critiquable que mène ce joueur, ou de la horde d'agents, peu scrupuleux, qui sont entrain de le déconcentrer, je me contente uniquement du carré vert et sur le terrain, il y a une vérité qui saute au yeux : quand Michael n'est pas aidé par un deuxième attaquant de pointe, qui joue soit en électron libre et lui ouvre des brèches, comme Bienvenu quand il est en forme, ou qui accapare les défenseurs de l'équipe adverse, comme ce fut le cas d'Aoucherouane la saison dernière, Eneramo perd de son efficacité. En étant le seul attaquant nominal, quand bien même on évoquera Darragi qui a évolué dans un tout nouveau registre qu'il ne maîtrise pas, il y a toujours deux ou trois défenseurs qui lui collent à la peau et là Michael ne peut plus rien faire ! Ajoutés ses ratages monstres devant les buts, qui, il faut l'avouer, ne sont pas une nouveauté pour Eneramo même quand il était en forme, à la seule différence que nous les oublions auparavant puisqu'il arrivait à en mettre d'autres, autrement plus difficiles, Benzarti doit trouver au plus vite une solution pour son cas. À mon avis, il doit mettre un autre attaquant avec Michael afin que celui-ci puisse enfin retrouver toute son efficacité.

Un mot enfin sur notre défense : je crois qu'une fois pour toute que c'est la paire Z. Derbali-Abdi qui sera notre dernier rempart devant Kasraoui. Aujourd'hui, Jabeur et Chammari ont dû leur salut tout à l'heure grâce notamment à l'indigence de l'attaque adverse. Pour nos latéraux, si Chammam a montré un léger mieux, mais loin des espérances qu'on a portées et qu'on porte encore sur lui, Bokungu, quant à lui, demeure fidèle à sa réputation, à savoir un bon technicien, doté d'une bonne vision de jeu et jouant calmement, mais défensivement, il est assez mou et pas très solide au poste. Pour le moment, Benzarti lui fait confiance et nous allons faire nous aussi confiance au coach pour qu'il lui inculque les bases élémentaires d'un défenseur solide.

Deux derniers matchs

Il nous reste deux matchs à négocier avant la fin du championnat : un court mais très périlleux déplacement à la Marsa, dont l'Avenir (ASM) local se retrouve revigoré grâce à sa victoire de tout à l'heure face aux banlieusards sud, et un autre aussi décisif face à une Étoile, sortie de la lutte au titre, mais qui reste tout de même aux aguets, notamment pour la deuxième place. Mais pour garder nos chances, il nous faut la victoire et rien que la victoire contre l'ASM pour aborder la dernière journée avec au minimum ce point d'avance face désormais notre seul rival pour le titre, le CA. En effet, notre «frère-ennemi» aura toutes les chances d'empocher facilement ses six points face au Stade Tunisien, défait aujourd'hui, et Jendouba Sport, qui serait, à mon humble avis, déjà en Ligue 2 avant l'entame de la dernière journée. Il reste que notre dernier match face à l'Étoile ne sera certes pas la finale du championnat, mais, franchement, je crains plus une Étoile qui ne joue que pour un «narguilé», qu'une Étoile sous pression qui joue comme nous pour le titre. Toutefois d'ici là, beaucoup d'encre va couler, alors concentrons-nous pour le moment sur notre match face à Sétif et savourons encore notre place de leader.